L’artillerie

Une brève histoire du canon


Comme pour les armes à feu portables la création de l’artillerie est directement liée à la découverte de la poudre noire, ainsi les premières armes à feu apparaissent vers l’an 1000, on va tout de même nous focaliser sur l’utilisation de l’artillerie en Europe.

Au début du XIV siècle, on assiste en Europe au déploiement de pièces d’artillerie.

La première apparition notable de l’artillerie a lieu à Metz, de 1324 a 1326, pendant ce que l’ont à appelé, la guerre des 4 seigneurs. Une couleuvrine et une serpentine ont été utilisée.

Cette artillerie primitive, premièrement construite avec les tubes en bois, plus tard en fer, était en réalité peu efficace et réservée à la défense des forteresse… Le projectile de pierre éclatant à l’impact produit un effet + plutôt d’ordre psychologique et est sûrement moins efficace que les projectiles envoyés par les catapultes.

À la fin du XIVe siècle, les bombardes (prédécesseurs du canon) pouvaient défoncer les toits d’un château, mais restaient impuissant devant ses murailles.
Le poids des pièces et leur cadence de tir très faible les rendaient impropres à un usage sur le champ de bataille ; en effet, pour déplacer une pièce d’artillerie, 4 à 20 chevaux étaient nécessaires.

La métallurgie médiévale ne permettant pas de réaliser des canons d’un bloc, ceux-ci sont dans un premier temps réalisés d’une manière analogue aux tonneaux.

Dans ces conditions, les tubes sont très souvent sujet à des éclatements inopinés dangereux voire fatals pour leurs utilisateurs au-delà d’une dizaine de coups.

Les tubes étaient testés 8 fois devant l’acheteur et étaient garantis pour 400 coups,. En raison de cette fragilité, les charges de poudre propulsive sont nécessairement limitées réduisant ainsi la portée et la puissance à l’impact. De plus, les charges perdent beaucoup d’efficacité du fait de l’importante traînée des projectiles, le vent de boulet, difficile à maîtriser en raison du manque de régularité dans leur fabrication.

Schéma du vent du projectile

Peu à peu, pendant la renaissance et avec le progrès de la métallurgie de meilleures techniques et matériaux pour la fabrication des pièces sont trouvés. Les pièces d’artillerie deviennent en bronze qui, bien que coûteux, présente l’avantage de se déformer plutôt que d’éclater.

L’usage des moules permet de réaliser les pièces standardisées en un seul tenant, les pièces de cette manière s’allongent pour garantir une majeur précision ainsi que portée de tir. Les projectiles de même étaient encore en pierre, extrêmement inefficaces.

Bombarde moitié XV siècle avec les projectiles en pierre

Ce dernier problème est résolu, au milieu du XVe siècle, d’abord en cerclant de fer les projectiles , puis en les remplaçant par des boulets en fer battu, plus résistants.

Les boulets métalliques, trois fois plus denses et de tailles standardisées, font plus de dégâts, si bien qu’on peut réduire le calibre des tubes qui deviennent plus légers, plus transportables, ce qui favorise le développement de l’artillerie de campagne . Ceci dit la bombarde étais encore une arme imprécise et fixe.

Jusqu’en 1480,quand les frères Bureau développent l’affût à roue et les tourillons, axes fixés de part et d’autre du tube pour permettre son réglage en site.

Ces innovations marquent le passage de la bombarde au canon, car elles permettent un pointage plus aisé, en portée comme en direction, et une bien meilleure mobilité.

Après deux cents ans que l’artillerie étais utilisée exclusivement pour les sièges, on commence à la bataille de Breitenfield à l’utiliser en bataille, de cette manière l’artillerie devient plus versatile. Tout de même les canons de l’ époque avaient une portée (500 pieds) et vitesse de feu de feu très limitée, le processus de recharge d’un canon étais très rigoureux les canons pouvaient tirer seulement 100 coups par jour en moyenne.

Le chargement des canons se fait par la gueule.

  • Premièrement il faut doser la quantité de poudre à insérer grâce a la lanterne (ou cuillère, à long manche);
  • en suite il faut enfoncer et tasser deux bourres une pour séparer la poudre du projectile l’autre devant le boulet pour éviter qu’en roulant il s’écarte de la poudre avant la mise à feu.
L’intérieur du canon et la lumière

Une fois le canon chargé, la gargousse (qui contient la poudre) est crevée avec le dégorgeoir à gargousse qui passe par la lumière (trou dans le fût du canon). De la poudre fine est versée dans la lumière pour amorcer la charge. Puis le feu y est mis par le boutefeu (manche autour duquel est enroulée une mèche qui reste toujours allumée) qui allume la poudre et provoque l’explosion .
Une fois le coup tiré, le fût du canon est débarrassé des débris de la combustion avec une brosse (dotée d’un long manche), puis nettoyé avec un écouvillon.

La propulsion du projectile est due à l’expansion de gaz provoqués par la combustion de la poudre noire, le principe est donc analogue à celui des armes à feu portables; mais en augmentant la quantité de poudre et le poids du projectile le résultat est celui d’ une énergie énorme.

Avec un poid de environ de 6 à 10kg le projectile du canon à 120 livres qui voyageait à 420 m/s l’énergie crée sera environ 290.000J et capable de détruire sans aucun problèmes toutes les armures.
Dans le référentiel terrestre supposé galiléen, avant le tir, le système canon-boulet est immobile donc il définit un système pseudo-isolé (d’après la 1ère loi de Newton). La quantité de mouvement d’un tel système se conserve. La quantité de mouvement d'un système est égale à sa masse multipliée par sa vitesse. Si un des membres du système change de vitesse, l'autre membre éprouvera une variation de vitesse dans l'autre sens : la quantité de mouvement du système reste inchangée. Avant le tir, le système canon-boulet est immobile, sa quantité de mouvement est donc égale à 0. À la mise à feu, le boulet prend de la vitesse et sa quantité de mouvement augmente. Le canon acquiert alors une quantité de mouvement identique vers l'arrière. Le canon étant bien plus lourd, il reculera avec une faible vitesse, mais reculera néanmoins. Considérons un projectile de 20 kilogrammes tiré à 500 m/s depuis cette couleuvrine de 7 tonnes. Lors du tir, la quantité de mouvement du projectile est de 20*500=10000 m.s-1.kg. La quantité de mouvement du char va donc être identique. Pour trouver sa vitesse de recul, il suffit de poser l'équation : V*7000=10000 Après résolution, on trouve v = 1,43 m/s.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les effets de l’artillerie sont fondés sur l’énergie cinétique du projectile le boulet renverse les lignes de fantassins ou de cavaliers en tombant et en rebondissant dans leur rangs provoquant ainsi des dégâts énormes aux soldats incapables d’ éviter ou de se protéger du projectile rebondissant à cause de leur lenteur causée par la lourde armure qui limite les mouvements.

Pour ce qui est de l’artillerie de campagne, les tirs sont directs c’est-à-dire que les canons et les objectifs sont à vue. Il n’y a donc pas de défilement possible, ni de tirs au-dessus des troupes. La visée se fait directement sur le tube. Il était impossible donc de tirer avec l’artillerie une fois que les troupes étaient disloquées des deux cotés de façon a éviter pertes alliés.

L’artillerie est particulièrement visible, notamment parce qu’elle doit occuper des points hauts et parce qu’elle émet quantité de fumée.

La présence de l’artillerie en bataille produit un brusque changement tactique, les armures ne peuvent pas protéger contre un boulet et en revanche rendent le soldat plus vulnérable et lent par l’excessif poids de l’armure qui touche les 30 kg.

Pour faire face à l’artillerie et aux mousquets l’armure des soldats diminue sa cuirasse en devenant plus légère de façon que le soldat puisse prendre un emplacement d’artillerie avant la recharge des canons.

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Cette tactique fondée sur la réduction de l’armure est utilisée pour la première fois lors de la première bataille de Breitenfield en 1631 par les troupes suédoises munies seulement de heaumes et pistolets sans aucune cuirasse en métal.

Les troupes impériales étaient organisées en carré ou tericios fait de cinquante hommes de large et trente hommes de profondeur. Le centre du tercio était constitué de soldats portant de grandes lances avec en périphérie des arquebusiers. L’armée catholique(du général Tilly) comprenait dix-sept tercios organisés en trois blocs, le bloc central étant légèrement en avant. La cavalerie était de chaque côté de l’armée. Les seules réserves étaient de la cavalerie en arrière de l’infanterie.

Gustave Adolphe(roi de suède) place son armée en deux longues lignes de cinq lanciers de profondeur et de six arquebusiers de profondeur. L’artillerie et la cavalerie sont dispersée.

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Après deux heures d’échange d’artillerie extrêmement destructifs pour les catholiques , le comte de Pappenheim mena une charge de cavalerie sur le flanc gauche. Sept charges de cavalerie légère avec des pistolets furent repoussées par les suédois. Pappenheim quitta le champ de bataille après la septième charge. L’infanterie restait stationnaire pendant que sur l’autre flanc la cavalerie de l’empire mettait en déroute la cavalerie de l’Électeur de Saxe. Voyant ce qu’il ce passait, Tilly ordonna à l’infanterie de charger, mettant en fuite les troupes saxonnes.
Tilly était sur le point d’ordonner l’attaque sur le flanc des troupes protestantes restantes, mais Gustave-Adolphe réorganisa sa seconde ligne, ce qui empêcha Tilly de mettre en œuvre son mouvement d’enveloppement.
Gustave-Adolphe disposa alors ses escadrons de cavalerie intercalés avec les fantassins, pour que le feu des mousquets soutienne les cavaliers. La cavalerie suédoise chargea au trot à faible distance, et réussit à disperser les troupes catholiques qui quittèrent le terrain.

16000

MORTS
dont

3000

Protestants

13000

Catholiques

L'étude de la bataille de Breitenfield permet de mieux comprendre l'utilisation de l'artillerie en bataille; les armées protestantes dotées d'artillerie légère réussissent par leur mobilité à immobiliser les catholiques pour ensuite leur retourner contre leurs propres canons pour une victoire totale. L'artillerie jusqu'à ce moment étais lourde et inamovible, ceci dit celle protestante (4 livres) est capable de suivre les mouvements de la cavalerie lui donnant support. De cette manière nous pouvons voir que après le surgissement des armes a feu les nécessitées militaires ne sont plus basées sur la résistance et la protection en dépit de la rapidité mais plutôt le contraire rendant impossible de contenir la puissance des nouvelles armes